A Ouagadougou‚ plusieurs artères tels que les feux tricolores et les bordures de voies sont des zones de localisation des mendiants. Certain d’entre eux ont même un marché dénommé « garib Yaré » qui signifie (marché des mendiants), dans le quartier patte d’oie.
Au nombre des phénomènes sociaux qui gangrènent l’Afrique en général et le Burkina Faso en particulier, il y a la mendicité.
Le Burkina Faso est confronté en permanence au phénomène. Elle prend de l’ampleur dans les centres urbains, comme la capitale Ouagadougou. A chaque carrefour des grandes avenues de la ville, des mendiants sont installés en quête de leur pitance quotidienne. Et parmi ces mendiants, il y a ceux qui mendient par nécessité et il y a ceux qui utilisent la mendicité comme alibi pour du bantitisme et du vol.
Certains mendiants sont sur des lieux fixes et d’autres parcourent les rues tout au long de la journée. Non loin du grand rond-point du quartier Patte d’oie, leur présence impressionne. C’est là qu’ils ont leur marché dénommé « garib Yaré » (marché des mendiants).
Ces lieux sont occupés pour la plupart par des personnes âgées, seul ou avec leurs femmes et enfants. Elles sont assises sous des tentes ou sous des arbres ou même carrément au soleil, sans abri, le coran ou le tahabish (chapelet musulman) en main.
Un de ces mendiants raconte : « Nous ne sommes pas là pour réclamer l’argent. Quand vous êtes venus personne ne s’est levée pour quémander quoi que ce soit. Nous avons des pouvoirs de bénédiction pour bénir les gens qui viennent solliciter nos services ». À en croire les confidences de notre interlocuteur, on voit des véhicules de luxe garer auprès de ces mendiants qui accourent pour leurs prodiguer des bénédictions, couramment appelées Doua.
A quelques mètres de là, nous avons croisé des talibés (garibou) qui se sont précipités vers nous pour quémander, mais ils semblent ne pas avoir apprécié nos différentes questions à eux adressés et s’en sont allés aussi vite qu’ils ont accouru.
Aux différents feux tricolores, des ronds-points, on trouve des handicapés, des mamans de jumeaux, des déplacés internes convertis en mendiants et des enfants. Ces mendiants n’ont pas les mêmes objectifs.
Les femmes avec des jumeaux qui mendient
Une dame en compagnie de ses jumeaux raconte : « Dans notre culture si vous accouchez de jumeaux, vous devez forcément mendier, j’ai un mari qui travaille, il est un réparateur d’engin à deux roues. J’ai commencé il y a de cela 8 mois maintenant. Au début, ils m’ont dit que c’était pour un bout de temps. J’avais honte de demander au début, mais au fil du temps, je me suis habituée. Donc je n’ai plus honte et j’ai pris goût ».
A 100 mètres plus loin, au niveau du feu tricolore, un petit enfant se faufile entre les vélomoteurs, des cyclistes et des automobilistes pour quémander au péril de sa vie.
S’adressant à moi, le petit mendiant s’exprime en ces termes : « Maman m’a dit de venir demander de l’argent ». D’autres usagers s’agacent et actionnent leur avertisseur sonore (klaxon). Sous le soleil ardent, ces enfants font face à des dangers multiples pour satisfaire leurs parents assis sous l’ombre et qui récupèrent les fruits de la quête.
Bon nombre d’usagers semblent ne pas apprécier la prolifération des mendiants dans la ville de Ouagadougou
Moussa Sawadogo fait partie de ces personnes. Pour lui, « il y a beaucoup trop de mendiants dans la ville de Ouagadougou et cela pose problème. Il y en a qui abusent. J’ai vécu une scène. Mais, je suis désolé de le dire, il faut que je le dise, le mendiant est venu vers moi. Je lui ai tendu 25 Francs CFA et il m’a dit qu’il ne veut pas les 25 Francs CFA parce que ça va gâter, son marché ».
Avec un air déçu, M. Sawadogo confie que « leurs (mendiants) nouvelles stratégies, avant de sortir c’est de se frotter les yeux avec de la menthe de london et quand le vent souffle. Leurs larmes coulent pour faire croire qu’ils pleurent de faim ».
Le constat fait sur le terrain est que la plupart de ces mendiants sont des enfants. Ces enfants qui devraient être scolarisés se retrouvent dans la rue, et le phénomène prend de plus en plus d’ampleur avec l’avènement de l’insécurité au Burkina Faso.
Cidric Guigma
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