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Violences conjugales : des  femmes sortent de plus en plus de leur silence

Elle a été tuée le jour de son mariage . C’est son fiancé qui l’a assassiné à coups de machette. Ils vivaient en concubinage avec leurs deux enfants. Cela s’est passé le 19 mai 2022 dans la ville de Kombissiri.

Aminata Ouédraogo quant à elle, résidait dans la ville de Ouahigouya et a connu le même sort. Elle était enceinte de trois mois et mère d’un garçon de 2 ans. Son mari lui a ôté la vie en mai 2021. Toujours dans le même mois Aguéra Zongo, a été tuée par son conjoint à l’aide d’un couteau et d’une barre à mine. Cette mère de trois (03) enfants avait la cinquantaine et était à terme de sa grossesse.

Des violences qui ont amené des femmes à manifester dans la ville de Ouahigouya pendant deux jours. Elles ont été dans la rue pour exprimer leur refus de se voir tuer une à une comme des ‘’moutons de Tabaski’’. 37% des femmes mariées ont déjà été victimes de violences conjugales au Burkina Faso.

Bintou Traoré a été également battue par son mari nommé Karim

Au-delà de celles qui ont rendu l’âme, il y a celles qui vivent avec le souvenir amère des coups, blessures, injures, humiliations qu’elles ont subis dans leurs foyers. Humiliées souvent devant les gens ou même devant leurs enfants, il y a des femmes qui subissent toute sorte de violence. Des violences qui peuvent être sexuelles, morales, physiques, psychologiques et économiques.

« J’étais battue et sodomisée. Chose qui a conduit à une dégradation de ma santé. A la fin du mois, il exigeait que je lui remette mon salaire soi-disant pour me montrer comment le gérer. Il me laissait la charge des factures d’eau, de la scolarité des enfants et leur habillement. Je subissais tout cela parce que j’avais vraiment peur de lui. Si je n’acceptais pas ce qu’il voulait, il m’insultait et me battait. J’avais honte d’en parler à quelqu’un parce que personne n’allait me croire» raconte une victime.

Bintou Traoré mère de 6 enfants a été aussi tabassée par son mari avec un morceau de bois à la tête et sur la majeure partie du corps. Son mari l’aurait agressé suite à une dispute parce qu’elle a refusé de donner à manger à sa belle-mère.  Ce sont les voisins qui sont venus à son secours et l’ont transporté à l’hôpital.

Des femmes sont victimes de telles atrocités très souvent dans un silence complice et coupable de la société. Certaines ont eu le courage de dénoncer et de divorcer. D’autres par contre subissent toujours de multiples violences dans leur foyer.

image illustrative

Selon les statistiques du ministère en charge de la femme, environ 5 224 personnes ont été victimes de violences basées sur le genre en 2020. Pour lutter contre ce phénomène, le gouvernement a mis à la disposition des femmes et filles victimes de violence ainsi qu’aux témoins d’actes de violence, un numéro vert, le 80 00 12 87 afin de dénoncer les cas de violences. Entre le 02 mars et le 30 juin 2021, 468 cas de violences basées sur le genre ont été enregistrés sur le numéro vert du ministère de l’action sociale selon le Dr Cheick Omar Atiéyiguibou, Secrétaire général (SG) du réseau AFRIYAN Burkina Faso.

Il existe au Burkina des textes et une loi qui protègent les femmes contre les violences basées sur le genre. La loi 061-2015/CNT portant prévention, répression et réparation des violences à l’égard des femmes et des filles et prise en charge des victimes a été adoptée en 2015. Elle sanctionne toutes les formes de violence à travers des peines d’emprisonnement et des amendes.

Yenntéma Priscille

www.bf1news.com

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