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Le grand marché de Ouagadougou : une ville en miniature dans la capitale

Il est 06h quand nous sommes arrivés au grand marché de Ouagadougou. A cette heure, l’endroit est calme. Les portes sont toujours fermées et les parking vides. Inquiète, nous demandons à un vigile, est-ce qu’aujourd’hui c’est le jour de marché ? Sa réponse fut brève, ‘’chaque jour est un jour de marché à Rood Woko’’.

La porte du grand marché est toujours fermée

A 07h30 les portes du plus grand marché du Burkina s’ouvrent. Aussitôt ouvert, les commerçants font leurs entrées. Hommes, femmes et enfants venant des quatre coins de la ville se précipitent pour faire sortir leurs marchandises. Certains balaient les saletés de la veille tandis que d’autres se chargent de classer les tables et les bancs. Les vendeurs d’habits accrochent leurs marchandises sur les valets. Les bruits des portes qui s’ouvrent mêlés à ceux de quelques motos et voitures qui passent créent une certaine ambiance. Le marché s’éveille timidement.

Le grand marché est le lieu de vente des habits par excellence. Des pagnes, des tee-shirts, des collants, des débardeurs, des culottes… que l’on soit un homme ou une femme, un enfant ou un adulte, chacun y trouve son compte.

Kassoum Kaboré vend des habits à Rood Woko depuis 2012. Chaque deux semaines, il se rend à Lomé la capitale du Togo pour acheter sa marchandise. ‘’J’achète en gros et je revends aux détaillants. Il y a aussi des particuliers qui viennent acheter’’, confie Kassoum Kaboré. Moumini Siguiré est quant à lui commerçant de débardeurs et de culottes pour homme. A 10H, il a déjà étalé sa marchandise et attend impatiemment les clients. Il nous accueille avec le sourire aux lèvres et une expression flatteuse ‘’bonjour belle demoiselle que puis-je faire pour vous ?’’. Moumini Siguiré est commerçant au grand marché depuis 2014. Il dit partager avec les autres commerçants un esprit de convivialité, ‘’ici c’est comme une même famille, la grande partie de notre vie se passe ici. C’est notre deuxième maison’’ lance-t-il.

Moumini Siguiré, vendeur de débardeurs et culottes pour homme

Une ambiance joyeuse chez les vendeurs de sacs

Au grand marché de Ouagadougou, on trouve des sacs de tout type. Parmi les types de sacs, il y a les sacs à dos, les sacs à main, les sacs en bandoulières…Wilfried Tiemtoré vend des sacs depuis son jeune âge. « J’ai fait le BEPC 04 fois ça n’a pas marché, donc j’ai rejoint mon père pour vendre des sacs » explique-t-il. Wilfried est aidé dans sa tâche par Achille, son petit frère. Les deux jeunes hommes travaillent dans un climat bon enfant ; « ici il y a de l’ambiance tous les jours. Tous ceux qui sont autour de nous aiment la bonne ambiance donc on rit même si le marché est lent » confie Wilfried. Il est maintenant 13h quand nous quittons le lieu de vente de Wilfried. A cette heure, le marché grouille de monde. Les claquements des portes et des balais ont cédé la place aux cris des vendeurs, les salutations, les fous rires et la musique de part et d’autre.

Wilfried et Achille Tiemtoré, vendeurs de sacs à Rood Woko

Le grand marché, c’est aussi ‘’le coins’’ des démarcheurs

Ils sont généralement arrêtés à l’entrée du marché. Ils tiennent soit des pantalons, des ceintures, des chaussures…Lorsqu’un ou une cliente arrive, ils l’accostent et lui propose les produits. Ces jeunes sont des relais entre clients et commerçants grossistes. Ils travaillent à emmener le maximum de clients pour bénéficier d’une somme bien déterminée. Parmi les expressions qu’ils utilisent, il y a ‘’salut beauté, voilà un pantalon fait uniquement pour toi’’, ‘’de beau bracelet pour la plus sublime’’, ‘’des merveilles pour une déesse’’…Ils ont la parole mielleuse pour un seul but, la recherche du gain.

Deux démarcheurs attendant l’arrivée de nouveaux clients

Le marché Rood Woko compte plus de 3 000 emplacements. Chaque jour, des milliers de personnes y défilent soit pour vendre ou pour acheter des marchandises. Mais tout autour du marché, un autre marché en plein air se développe. Ce sont généralement les vendeuses de nourritures, de fruits, de condiments et surtout les gérants de parking. Benjamin Ouédraogo est superviseur de parking au coté sud du grand marché. C’est une véritable entreprise qui contribue à lutter contre le chômage. « Je travaille ici depuis 2012. Notre société emploie plus de 20 jeunes garçons. Ils classent les motos et les font sortir lorsque les propriétaires veulent rentrer chez eux ». Selon les explications de Benjamin Ouédraogo, le parking reçoit plus de 10 000 motocyclettes par jour. Les commerçants et les clients réguliers font un abonnement mensuel.

Plus de 10 000 motos parqués par jour

A 16h30, c’est l’heure du décompte. Certains commerçants ont déjà fermé tandis que d’autres calculent leurs gains journaliers. Kassoum Kaboré se frotte déjà les mains ; «je remercie Dieu pour le marché d’aujourd’hui. J’ai reçu beaucoup de clients et j’ai vendu environs 200 000F. Ce n’est pas tous les jours comme cela ». Après les décomptes, Kassoum, tout comme les autres commerçants aux alentours ferment leurs boutiques. Les portes du grand marché se referment à 17h30 derrières eux. Rendez-vous est pris le lendemain pour un autre challenge.

Sanata GANSAGNE

bf1news.com

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