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Flambée des prix des denrées au Burkina : le cri de cœur des commerçants et des clients

« Si les prix continuent à monter, on dira que le terrorisme même vaut mieux. C’est la faim qui va tous nous tuer » ces déclarations sont celles d’un commerçant détaillant que nous avons rencontré au marché Zone Une de la ville de Ouagadougou. En plus du terrorisme qui sévit, l’augmentation vertigineuse des prix des produits de grande consommation constitue l’une des principales préoccupations des burkinabè en ce moment.

« Tout à augmenter », c’est le slogan que nous avons entendu à plusieurs reprises en cette matinée du 06 aout 2022 lors de notre immersion au marché Zone Une de la ville de Ouagadougou. Les mines sont serrées et les débats houleux entre commerçants et clients. « Les prix ont beaucoup augmenter. Avant, avec 5000 F CFA, tu pouvais acheter des condiments pour une semaine mais maintenant si ce n’est pas 10 000 F CFA tu ne peux plus le faire» explique Mme Marie, une cliente et mère de 05 enfants. Marie n’est pas la seule qui se plaint de l’augmentation des prix. Faiza Soro, une autre cliente exprime son ressentit, « avant je pouvais venir au marché avec 1000f pour la cuisine d’une journée et avoir tout ce que je veux mais maintenant si ce n’est pas 1 500 f je ne peux pas bien faire mon marché ». Les deux femmes estiment que si les choses continuent ainsi, la malnutrition et la famine ne seront pas loin des ménages. Pour Marie, « si les prix ne baissent pas, il y a des choses essentielles qu’on va supprimer de l’alimentation. L’argent n’augmentent pas donc il faut s’adapter ». Tandis que Faiza, ajoute que « si ça continue comme, on ne va plus manger, il y aura la famine ».

« si ça continue comme ça, on ne va plus manger, il y aura la famine », Faiza Soro, cliente

 Face à cette hausse des prix des denrées, qui est le responsable ? les commerçants ? l’État ? ou d’autres facteurs externes ? Les commerçants semblent ignorer les facteurs explicatifs. Selon Alassane Ouédraogo, « je ne sais pas pourquoi les prix augmentent tous les jours. Hier je suis allé acheter un carton de tomate Salsa à 17 500F alors que la semaine passée j’ai acheté le même carton à 15 000F ». Il explique que les prix augmentent de façon incontrôlable sans justification, « le bidon de 20L d’huile est devenu 23 500F CFA et le litre c’est 1 200F alors qu’avant le bidon faisait 16 000F et le litre coutait 700F. Pour le sac de riz de 50KG, on est passé de 17 500F à 21 000F ». Il dit faire l’objet d’injures des clients, au quotidien : « les clients me menacent tous les jours. Quand je donne le prix et c’est élevé, les clients se plaignent et veulent connaitre les raisons de l’augmentation ». Il prévient néanmoins que « si les prix continuent à monter, on dira que le terrorisme même vaut mieux. C’est la faim qui va tous nous tuer ».

« si les prix continuent à monter, on dira que le terrorisme même vaut mieux. C’est la faim qui va tous nous tuer », Alassane Ouédraogo, commerçant au marché de Zone Une

Asséta Korbéogo est également une commerçante au marché de Zone Une. Son discours n’est pas loin du précèdent. « Les prix de tous les produits ont augmenter. Avant je vendais mes aubergines à 100F mais maintenant c’est devenu 200f ». Pour ce qui est des raisons, selon elle, les grossistes avancent l’argument de l’augmentation du prix du carburant.  Elle affirme que si toutefois les prix restent intacts, ce serait difficile pour le burkinabè moyen de s’en sortir.

Asséta Korbéogo, commerçante au marché de Zone Une

L’augmentation vertigineuse des prix des denrées crée un sentiment généralisé de mécontentements et de tristesse. Malgré le fait que le Burkina Faso soit un pays dont le secteur agricole emploi 82% de la population active, l’on ne pourra pas compter sur nos récoltes pour atteindre l’autosuffisance alimentaire. Selon les prédictions de l’Agence Nationale de la Météorologie (ANAM) faites le mardi 17 mai 2022, « la saison des pluies 2022 s’annonce globalement pluvieuse. Ce qui présage des risques élevés d’inondations pouvant entrainer des pertes de cultures, de récoltes, de biens matériels et des vies humaines et animales dans certaines localités ». La question sécuritaire, un autre facteur, n’arrange en rien cette situation. A la date du 30 avril 2022, elle a poussé 1 902 150 personnes à quitter leurs localités abandonnant leurs champs. Selon une analyse de la situation alimentaire en mars 2022 cité par le ministre de l’action humanitaire Lazarre Zoungrana, 3 453 510 personnes sont en urgence alimentaire au Burkina Faso sur la période de juillet à septembre 2022. Tous ces constats rendent l’année 2023 inquiétante pour bien de populations.

Sanata GANSAGNE

www.bf1news.com

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