Apolline TRAORE : une réalisatrice et productrice hors pair

Apolline TRAORE est un visage connu du public burkinabè en général et du monde culturel en particulier. Elle est très engagée pour la cause des femmes, la culture africaine en général et burkinabè en particulier. Ce dévouement est perceptible dans les nombreux films qu’elle a réalisé.  Sa lutte pour la cause de la femme lui a valu de nombreuses reconnaissances notamment la médaille pour le combat des femmes dans le cinéma au festival de Louxor en Egypte. Elle a été faite également chevalier de l’ordre du mérite des arts, des lettres et de la communication en 2019. Actuellement, elle est l’ambassadrice du Musée National du Burkina Faso. Allons à la découverte de l’une des grandes figures du cinéma burkinabè.

Née en 1976 à Ouagadougou, Apolline TRAORE a toujours rêvé de faire du cinéma depuis sa tendre enfance. Après l’obtention de son baccalauréat, elle se rend aux Etats Unis pour continuer ses études. Dans son choix de carrière, elle décide d’embrasser le métier de cinéma mais elle est confrontée à une opposition catégorique de son père qui pense que ce métier n’est pas prometteur. La jeune femme va prendre son destin en main en refusant de poursuivre ses études dans une filière autre que le cinéma. Après six mois passés sans activité, son père et elle vont tenter de trouver un compromis : elle doit obtenir sa licence en hôtellerie si toute fois elle tient à voir son père financer ses études cinématographiques. C’est à ce prix que le Burkina Faso a vu naître cette grande réalisatrice. Elle s’inscrit d’abord à Emerson Collège aux Etats Unis et obtient sa maîtrise en film. Puis, elle se fait former aux techniques de cadrage à the New York Film Academy (USA). Après sa formation, Apolline TRAORE a su faire un retour aux sources avec son rêve de montrer les réalités africaines à travers le petit écran.

En 2005, elle rentre au Burkina Faso et travaille auprès de Idrissa OUEDRAOGO, un de ses mentors qui constitue également l’un des piliers du cinéma burkinabè. En toute humilité, elle apprend auprès de lui et se perfectionne dans la réalisation. Apolline TRAORE va se faire connaitre du public burkinabè à travers ses nombreuses réalisations.

Parmi ses films longs métrages qui ont marqué les esprits de bien de burkinabè, il y’a ‘’Desrances’’. Le film a été réalisé en 2019 et retrace l’histoire d’un homme ébranlé par les guerres civiles de son pays d’origine qui est Haïti puis, la crise ivoirienne de 2010. Le film a été nominé dans 10 catégories à la 16^e édition des African Movie Academy Awards (AMAA) en 2020. Il remporte également le prix du meilleur décor lors du FESPACO 2019 ainsi que trois autres prix au festival international de Kerala en Inde en décembre 2019. En plus de cela, il y’a le film ‘’Frontières’’ qui met à nu les violences faites aux femmes et les difficultés liées à la libre circulation des personnes et des biens dans l’espace CEDEAO. Ce film a été récompensé par trois prix lors du FESPACO 2018 notamment le prix CEDEAO du meilleur film Ouest-Africain sur l’intégration, le prix Félix Houphouët Boigny et le prix Paul Roberson. Le film ‘’Moi Zaphira’’ a également reçu un écho favorable auprès des burkinabè. Il a été récompensé au FESPACO dans la catégorie meilleure interprétation féminine et également le prix OIF du meilleur long métrage lors des AMAA.

Apolline TRAORE a réalisé également des courts métrages à savoir ‘’le prix de l’ignorance’’ et Kounadia’’ ainsi que des séries télévisées telles que ‘’Le Testament’’ et ‘’Monia et Rama’’. La talentueuse réalisatrice porte également la casquette de productrice de film avec sa maison de production ‘’Les films Selmon’’. Une société de production audiovisuelle qui propose également des conseils en communication.

L’engagement de la réalisatrice et productrice burkinabè dans la culture et pour la cause de la femme lui a valu la médaille pour le combat des femmes dans le cinéma au festival de Louxor en Egypte. En 2019, elle a été faite chevalier de l’ordre du mérite des arts, des lettres et de la communication. Le 06 février 2020, elle a été installée en tant qu’ambassadrice du Musée National du Burkina Faso. Elle a initié de nombreuses activités en vue de promouvoir et valoriser ce musée notamment la soirée « Allons au musée » initié en marge de la 27^e édition du FESPACO,  » Les habitats du Faso » qui est un projet de construction de cases au sein du musée national représentant chacune une ethnie du Burkina Faso. En 2021, elle a reçu un trophée d’honneur pour l’ensemble de sa carrière à la 11^e édition du festival du Louxor le 10 mars 2022 en Egypte. Son combat a été rude mais, il a été récompensé à sa juste valeur. Apolline TRAORE ambitionne de devenir la première femme burkinabè à décrocher le prestigieux trophée du Festival Panafricain du Cinéma et de télévision de Ouagadougou, l’étalon d’or de Yennenga.

Sanata GANSAGNE

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