Le phénomène du braquage touche presque tous les secteurs d’activités dans notre société. Ces dernières années, les compagnies de transports, les alimentations, les boutiques de transfert d’argent, Orange money, Mobicash, Coris money sont de plus en plus les cibles privilégiées de ces malfrats. A cette liste il faut désormais ajouter les vendeurs ambulants de crédits de communication. Ils sont eux aussi victimes de vol à main armée.
Pazingba Yamkoudougou est un vendeur ambulant d’unités de recharge téléphonique. Avec lui, on peut avoir du nana express, télécel flash, du sap sap ou encore des unités via mobicash ou orange money. Dès 6H00 du matin, muni de sont petit bois sur lequel sont attachés des cartes à puces hors d’usage, il se tient aux abords du goudron, brandissant sa pancarte aux passants. Ainsi, il parvient à attirer à lui les usagers désireux de se procurer des recharges. En une minute maximum, les clients peuvent se faire servir pour leurs besoins de communication ou de connexion.
Si la plupart de ces clients s’arrêtent pour acheter du crédit, d’autres parmi eux s’arrêtent avec l’intention de voler ou de braquer. Ces expérience, Pazingba Yamkoudougou les a vécues et il n’est pas prêt de les oublier. Un soir, alors qu’il avait eu une journée de vente plutôt satisfaisante, le doyen des vendeurs ambulants de cette zone s’apprêtait à vivre sans le savoir l’un des cauchemars de sa vie. Des soi-disant clients à moto, l’invite à leur servir des unités de 10 .000 sur leurs numéros Orange, Telmob, et Telecel soit 30.000 francs FCA de crédits. Dans sa joie, il se précipite pour s’exécuter. Mais cette joie sera de courte durée. A la minute même, Pazingba Yamkoudougou se voit braqué une arme à feu suivi d’une voie aigüe lui intimant l’ordre de leur remettre le contenu de son petit sac qu’il portait en bandoulière. C’est ainsi que notre vendeur s’est fait dépouiller de sa recette journalière. « C’était une importante somme. Je ne me souviens plus exactement de combien c’était mais j’étais tétanisé. » a-t-il laissé entendre.
L’autre phénomène rencontré dans cette activité concerne les clients malicieux, qui volent astucieusement leurs victimes. Pazingba Yamkoudougou nous explique comment ceux-ci procèdent. « Parfois, des clients en voitures viennent avec deux numéros à forte ressemblance. Ils utilisent le premier pour les appels et le deuxième pour la connexion. Par exemple, un client qui a le 60 00 00 11 et le 60 00 00 12. Il vous demande de recharger le 60 00 00 11. Et quand vous le faites, sur place, il souscrit à des forfaits internet, et il vous dit qu’il n’a pas reçu les unités. Alors vous procédez ensemble à la vérification du numéro. Quand vous lui recitez le numéro qu’il vous a lui-même dicté, il vous dit que vous vous êtes trompé et que ce n’est pas le numéro qu’il vous a donné. En ce moment, il vous redonne un autre numéro qui ne diffère du premier que d’un seul chiffre soit le 60 00 00 12. En tant que vendeur, vous être obligé de le recharger à nouveau. Et vous perdez. » Cette situation, les vendeurs semblent la vivre presque tous les jours. En pareil circonstance, le seul rempart reste la compagnie de téléphonie mobile. Là encore, les vendeurs sortent le plus souvent déçu. « Après le départ du client, les minutes qui suivent, on appelle le réseau pour signaler notre erreur de transaction et demander un blocage mais on nous répond que le client a déjà converti les unités en mégas et donc qu’il est impossible de traiter notre requête. Du coup, ça devient des pertes pour nous. » C’est donc par ces nouveaux modes opératoires que les personnes mal intentionnées rendent la vie impossible à ces hommes et femmes qui ne demandent qu’à travailler dur pour gagner leur pitance quotidienne.
Des grosses pertes qui ne découragent pourtant pas ces vendeurs résolus à se frayer un chemin dans le milieu. Hormis cela, la vente des unités nourrit bien son homme nous fait comprendre un autre vendeur. Il faut dire que sur un crédit de dix mille francs CFA (10.000F) vendu, le vendeur profite de sept cent francs CFA (700f) comme bénéfice. Sidiki ZOUNGRANA est dans le milieu depuis maintenant 5 ans. Marié et père de deux enfants, il gagne en moyenne cinq mille francs CFA (5000f) par jour comme bénéfice soit cent cinquante mille francs CFA (150 000f) le mois. Malgré les difficultés, exposé aux risques de braquage, assis ou arrêté au bord du goudron, l’homme se remet à Dieu pour sortir et rentrer à la maison sain et sauf.
Comme Sidiki, plusieurs jeunes Burkinabè, diplômés, étudiants, élèves et analphabètes, à vélo, à pied ou arrêtés dans les coins des rues de la capitale et des autres villes du pays se donnent à la vente des unités pour avoir de quoi subvenir à leurs besoins et vivre dignement. Si l’activité procure du gain, sa pratique expose à des risques du fait du phénomène de braquage qui s’est invité dans le milieu.
Karim Banda
Bf1news.com