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Harouna ZOUNDI : le moaga vendeur de riz sauce

Dans le contexte social burkinabè, il est rare de voir un homme, de surcroit un moaga, vendre de la nourriture dans un ‘’restaurant par terre’’. De manière générale, on reconnait l’homme moaga, jeune comme vieux, par son attitude autoritaire et sa soif de chefferie ‘’le naam’’. Mais Harouna ZOUNDI fait exception à cette règle. Il est jeune, burkinabè de sang moaga et il a choisi de vendre du riz sauce. Ce constat insolite nous à pousser à visiter son lieu de vente pour en savoir davantage sur l’homme en question.

Harouna ZOUNDI est un jeune homme marié d’une trentaine d’années qui s’est fait une place dans le commerce de riz au quartier Balkuy de la ville de Ouagadougou.  Si aujourd’hui son commerce suscite de l’engouement et de l’admiration de nombreuses personnes, il convient de rappeler que ce jeune homme n’est pas entré dans le commerce de nourriture par pur hasard. Il explique ses débuts. « Quand, j’avais 13 ans et je vendais déjà du riz avec mon patron, j’ai fait sept ans avec lui avant de me séparer de lui ». Après sept ans d’expériences, il décide de quitter ce dernier pour se lancer dans la vente de chaussures. Mais la morosité du marché l’empêche d’évoluer dans ce travail. En 2010, il prend la décision de lancer son propre business de vente de riz et accumule de nos jours 12 années d’expériences. « Il y a des gens qui m’ont donné le courage de faire ce boulot, j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai tout fait pour créer ce business ».  Voici comment Harouna est arrivé à s’imposer dans ce milieu avec le soutien sa famille.

Harouna ZOUNDI (en tablier rose) en pleine activité

Le jeune homme pense que si son projet a connu un succès, c’est grâce au soutien et à l’encouragement, non seulement de sa famille mais aussi de ses voisins et des connaissances. « Maman est au village, comme elle savait que je travaillais avec quelqu’un quand elle a su, elle a formulé des bénédictions et elle a dit que ça sera bon ». Monsieur ZOUNDI est un homme marié mais son activité ne cause pas de problème à sa conjointe « j’ai commencé mon commerce avant de me marier donc ma femme ne peut rien dire encore vu qu’elle a accepté de m’épouser malgré qu’elle savait ». Tous ces soutiens ont favorisé le succès du jeune homme dans son activité.

Le commerce du riz est un domaine fructueux. Ce n’est pas Harouna ZOUNDI qui dira le contraire. Notre vendeur de riz affirme avoir au moins « un bénéfice de 15 000 FCFA chaque jour » et cela en dépit de l’augmentation du prix des denrées alimentaires. Ce dernier se frotte alors les mains en ces termes « pour le marché, je remercie Dieu, ça va ». Il gagne bien sa vie avec cette activité. Mais pour arriver à engranger autant de bénéfices, ce jeune homme ne travaille pas tout seul. Il a embauché 05 jeunes garçons qui l’aident dans la préparation, la vente et le nettoyage. Ainsi, les clients, tout comme les employés de Harouna sont essentiellement des hommes. Qu’est-ce qui peut bien expliquer cette particularité ?

Une partie des clients entrain de manger

Selon notre commerçant, « ce sont les hommes qui sont beaucoup, mais les femmes aussi viennent ». Une affirmation qui vient conforter l’idée selon laquelle son activité est appréciée de tous. Ali OUEDRAOGO, un des clients fidèles de Harouna affirme choisir la cuisine de Harouna pour une raison, « le repas est super, j’aime bien ». Quant à Sairou, pour une première fois, il soutient que la nourriture est bonne et que le commerçant est propre. Selon ce dernier, « dans le commerce de nourriture, les hommes sont plus propres que les femmes », une autre raison qui lui a poussé à s’arrêter pour manger.

L’engouement autour des installations de vente nous laisse convaincre que l’homme attire la curiosité de certains et crée de l’inspiration et la confiance en d’autres. Son repas est beaucoup apprécié des clients même s’il avoue qu’il y a toujours des sceptiques qui le critique. « Il y a des gens qui me critique mais l’essentiel c’est que je ne demande pas à quelqu’un de l’argent pour effectuer mes besoins ». A l’endroit de ces personnes, il se dit serein et invite ceux qui rêvent d’y entrer de le faire « s’il y a des hommes qui veulent venir, qu’ils viennent, c’est bon ».

L’engouement des clients

Néanmoins, Monsieur ZOUNDI a un cri de cœur, la cherté du prix des produits. « Le riz, les condiments et la viande sont devenus chers ». Il invite le gouvernement à faire de son mieux pour faire baisser les prix pour le bonheur des commerçants et de la population. Bon vent au jeune ZOUNDI.

Sanata GANSAGNE

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