Au titre des projections dans la soirée du 27 février 2023 figurait le film Épines du Sahel du réalisateur Burkinabè, Boubacar Diallo. Nous avons traîné notre baton de pélerin à la salle du ciné Neerwaya pour voir ce film. Au cours de cette projection, nous avons vécu un magingieque moment de cinéma. Épines du Sahel est un film qui nous fait penser au Burkina Faso, meurtri par la guerre contre le terrorisme. Même si, le film aurait pu être amélioré dans bien de domaines, force est de constater que ce film est un plaisir pour les yeux.
Il est 20h00, nous prenons la route, direction cinéma Neerwaya. Il ne faut surtout pas être en retard pour ne pas manquer cette projection. Dès que nous arrivons, au vu des engins disposés dans le parking, nous avons su que la salle sera pleine et que les festivaliers ne se feront pas conter le film. Au niveau, du guichet, c’est le même constat. Les festivaliers veulent voir le film. La file d’attente est longue.
Des dispositions ont été prises par les organisateurs pour permettre à chacun d’avoir le précieux sésame. A moins de dix minutes du début de la projection, quasiment toutes les personnes qui ont fait le déplacement sont installées dans la salle. Nous avons pris le soin de nous choisir une place à la première rangée, histoire d’être au fait de tout ce qui va se passer.
20h30, l’heure de la projection a sonné, c’est parti pour 92 minutes d’immersion dans le monde des réfugiés. Dès l’entame du film, le ton est donné. Il est tragique au début, amour par moment, humouristique à certains points, et triste à d’autres, disons même mélancolique. Ce film va nous téléporter dans cette guerre. Cette guerre que nous vivons depuis huit ans. Mon voisin du soir, soupir, nous aussi. Mais allons-y, il faut voir le film.
L’Affiche Officielle du Film Épines du Sahel
Le synopsis
Les attentats terroristes dévastent la région du Sahel depuis des années, provoquant l’exode de milliers de sans-abris. Certains ont échoué dans le camp de déplacés où débarque notre héroïne. Naïma ignore encore que son séjour va se prolonger et que sa quête de retrouver son frère Saïd trouvera enfin une réponse. Séparés lorsque leurs parents ont péri dans un attentat terroriste deux décennies plus tôt, la petite Naïma a grandi, obnubilée par l’idée de le retrouver, mais aussi marquée à vie par les séquelles de l’explosion qui lui a fait perdre l’ouïe. La joie des retrouvailles sera cependant de courte durée lorsque Naïma va découvrir que Saïd est passé du mauvais côté.
Un film qui vous transporte dans une bulle d’émotions
De façon globale, quand on suit le film Épines du Sahel, on est assuré d’être transporté dans une bulle d’émotions. Une bulle, d’émotion et de questionnement sur la situation sécuritaire du Burkina Faso. Épines du Sahel, un très beau film qui propose une immersion dans un camp de déplacés. Il décrit en quelque sorte la réalité du Burkina Faso actuel et pose le débat sur l’approche dans la lutte contre le terrorisme.
Mais, au-delà du drame, il y a une lueur d’espoir car aucune nuit, même la plus sombre ne peut empêcher le lever du jour. En filigrane dans ce film, on suit certes la vie des réfugiés, leur combat pour la survie, mais également, on entrevoie l’histoire de Naïma, son enfance, ses joies, ses peines. Aussi, on a une immersion dans la lutte contre le terrorisme à travers le lieutenant Sotigui et ses hommes qui font front. Et, les actions des ONG humanitaires, qui malgré les efforts multiformes consentis peinent à trouver des solutions pour prendre soins des populations réfugiés. Il y a également, la radicalisation qui y est évoquée à travers le frère de Naïma, Saïd qui laissé à lui, a été copté par les terroristes pour en faire leur informateur et espion.
Djamila Warda Barry_Actrice Principale du Film
Boubacar Diallo après la projection du film
Le jeu d’acteur
Quel beau casting! Naïma (Warda Djamila Barry), nous fait vivre sa souffrance, son histoire après avoir perdu ses parents qui ont sauté sur une mine lorsqu’elle était enfant. Sa joie, son amour pour son prochain, son combat pour le bien-être des réfugiés dans le camp. Elle a réussi tant bien que mal à camper ce personnage bilingue (mooré, fulfuldé, français).
Le Lieutenant Sotigui (Taleb Kant), il ressemble vraiment à un lieutenant de l’armée. Avec la posture, le dégaine et le ton martial qu’il faut. Bouma (Adama Pamtaaba), homme de tenue dans la vie, homme de tenue dans la fiction. Un acteur complet qui a su nous mettre dans le bain et nous faire voyager.
Il y a aussi Béchir, le vieux berger conservateur des valeurs culturelles, Jean-Louis, lea responsable du camp, Saïd le frère de Naïma qui par ailleurs après avoir été séparé de sa sœur après la mort des parents, a plongé dans le terrorisme et s’est radicalisé. Incarné, un terroriste à l’écran n’est pas aisé mais le casting à travers lui, a trouvé la personne qui convenait.
Le fait marquant de ce film, c’est la contribution des personnes déplacées internes dans les rôles secondaires. Pour les besoins du film, Boubacar Diallo a fait appel à des PDI de Ouagadougou pour plus de réalisme. Ils ont été au total une centaine à prendre part au film à fait savoir le réalisateur.
Boubacar Diallo et les acteurs du Film
Épines du Sahel est un film à voir absolument, je le conseille à tous les fans de cinéma qui ont envie de se plonger à travers l’écran dans l’univers des personnes déplacées internes et de la guerre contre le terrorisme.
Saydou GANAME