Le musée Georges Ouédraogo a pour mission principale la conservation du patrimoine matériel et immatériel musical du Burkina Faso. Ce musée de la musique collecte donc les objets musicaux des différentes communautés et les présente au public. Inscrit dans une approche pédagogique, les scolaires et les étudiants sont les principales cibles de ce lieu culturel.
A notre arrivée vers 9h dans ce curieux bâtiment qui attire l’attention, il n’y avait visiblement pas autre visiteur. Cela ne veut pourtant pas dire que le musée ne reçoit pas de visite. Il enregistre 1003 visiteurs sur la période du 18 novembre 2022 au 10 janviers 2023. Consacré aux instruments traditionnels et à l’histoire de la musique burkinabè, ce musée possède une collection de plus de 300 objets.
Ces objets représentent les différentes familles d’instruments que sont : l’aérophone, le cordophone, l’idiophone et le membranophone. Repartis dans les huit salles d’exposition communiquant les unes avec les autres, les visiteurs découvrent le grand balafon-autel du pays dagara, les golbies des Siamou de Orodara utilisés uniquement par des femmes, les Zars que les Bissa du Boulgou attachent au pied pour danser, le Bendre et le lunga chez les mossis, le Robingo des ethnies Yana du Koulpélogo, etc.
Cette exposition permanente met en lumière les instruments de musique burkinabè. C’est ainsi que la kora de Boureima Traoré, membre du mythique Volta Jazz, trône dans la salle réservée aux cordophones. Tous ces objets interviennent dans les activités de la vie sociale des différentes cultures burkinabè. Dans les funérailles, les mariages, les fiançailles, etc. on voit ces instruments sacrés dans ces évènements. Seuls les personnes initiées peuvent en jouer. Pour les exposer dans ce musée, il a fallu bien avant faire des rites de désacralisation. Ainsi, les visiteurs ont la possibilité de jouer un échantillon de ces instruments qui sont dans la salle de spectacle.
Ce savant dosage entre technique traditionnelle et moderne bâti en R+1 avec ses portes en voûte cintrée, met en place également une exposition temporaire sur une thématique. Ces expositions temporaires sont l’occasion d’inviter les communautés à y montrer certains pans de leur culture. Pour l’année 2022, C’est une exposition temporaire dénommée ‘’Transversalité’’ qui avait été initiée. Elle se poursuit actuellement au musé et présente des tableaux de personnes scarifiées selon leurs origines ethniques. « Une institution muséale ne vaut que par ses projets d’exposition qu’elle présente à ses publics. Donc au musée de la musique, nous nous sacrifions aussi à cette tradition » nous confie Mahamadi Ilboudo l’administrateur du musée de la musique.
Situé au cœur de Ouagadougou, la particularité du musée de la musique baptisé Georges Ouédraogo se trouve dans son architecture. Une architecture aux formes rondes avec des coupoles, des dômes et faite de matériaux locaux comme le bois, les briques en terre compactées, stabilisées, et de bouteilles en verre remplies de sable. Ces matériaux et l’architecture lui confèrent une acoustique hors pair. Les ouvertures aménagées dans le toit du musée, offrent un éclairage naturel à l’intérieur du bâtiment.
Sur le toit, une vue panoramique sur la ville et les coupoles attend les visiteurs. A ce niveau, les architectes laissent voire les différentes formes de toitures des maisons des peuples burkinabè. Ainsi le style architectural est atypique, emprunt aux styles nord-africain et soudano-sahélien.
Construit en 1880 par un groupe d’architecte burkinabè, ivoiriens, maliens, etc., l’actuel musée de la musique était à l’origine le siège de l’ADAUA (Association pour le Développement de l’Architecture et de l’Urbanisme en Afrique) dont il est membre. L’objectif de cette association était d’en faire un centre d’incubation des apprenants sur l’architecture à partir de matériaux locaux. Elle a réalisé d’autres infrastructures de ce genre et le président Thomas Sankara avait fait de cette initiative un projet de développement de l’urbanisme. Après l’assassinat de ce dernier, les missions auxquelles l’association étaient assignées n’ont pas eu un écho favorable auprès des nouvelles autorités. C’est pourquoi ce bâtiment va abriter la Direction du Patrimoine Culturel de 1990 à 1996.
Rénové et réaménagé en septembre 1998, il devient Musée de la Musique. « Ce bâtiment n’est pas la seule réalisation de l’association. Les autres bâtiments qui avaient été construits à l’époque n’existent plus » affirme Mahamadi Ilboudo. Selon lui les difficultés de cette voute nubienne muséale se situent au niveau de l’entretien, la gestion des collections et le manque d’une ligne budgétaire effectivement dédiée à la réalisation des activités de l’établissement.
Yenntéma Priscille
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