ActualitéSanté

Maison Yelba : un institut qui accueille les enfants souffrant du cancer

Il est 12 heure passée de 30 minutes quand nous sommes arrivés à la maison Yelba. Deux enfants à peine conscients de leur mal étaient entrain de manger pendant que leurs mamans étaient toujours à la cuisine. De l’autre côté le petit Bako était également entrain de manger mais en compagnie de ses parents. Cependant, d’autres enfants n’étaient pas encore de retour de l’hôpital où ils reçoivent les soins. Bako et ses camarades visiblement du même âge souffrent du cancer de l’œil.

Dans cet institut d’accueil situé dans le quartier Zogona, règne de l’espoir. Celui des parents qui rêvent de voir leurs enfants guérir de leur mal. La famille Bako a quitté Kamti avec leur fils atteint du cancer. Cela fait plus de deux semaines que leur fils reçois des soins à l’hôpital Yalgado. « L’enfant a commencé à avoir mal à l’œil. De Kamti nous sommes allez à Laba et les médecins nous ont référé à l’hôpital Yalgado » affirme Harouna Bako le père du petit Bako. Ouali lui vient de Diapaga. Son fils souffre du cancer de l’œil et reçoit des soins à Yalgado depuis le 12 juillet. Ces enfants qui sont hébergés à la Maison Yelba, souffrent du leucémie lymphoblastique aigüe , neuroblastome, du lymphome de brukitt et du lymphome ressemblant à burkitt.

la famille Bako

Si ces familles n’avaient pas été hébergées à la maison Yelba, il serait difficile voire impossible pour ces enfants de poursuivre les soins. Imaginons des allez retour entre Kamti-Ouagadougou, ou Diapaga-Ouagadougou plus de trois fois dans la semaine, de surcroit pour des familles démunies.

Il faut savoir que le cancer touche de nombreux enfants au Burkina. On estime entre 800 et 1200 enfants qui sont atteints du cancer chaque année. Seulement 15% d’entre eux arrivent dans l’unité de cancérologie pédiatrique Charles de Gaulle et Yalgado à Ouagadougou, et à Sourô SANOU à Bobo-Dioulasso. Selon le Dr Gabrielle Chantal Bouda, trois patients sur quatre arrivent à des stades très avancés. Une fois l’enfant déclaré malade du cancer, il est référé à Ouagadougou ou à Bobo-Dioulasso dans les unités de cancérologie pédiatrique. Tout en sachant que le cancer requière des soins qui sont très coûteux et de longue durée, de nombreux parents se retrouvent à Ouagadougou sans famille d’accueil et en manque d’argent.

Selon Yiboula E. Gildas Bayala, coordonnateur local du programme PIOP (programme international d’oncologie pédiatrique) qui est l’initiatrice de cet institut d’accueil, la situation de ces enfants est souvent déplorable. « Avec le terrorisme que nous vivons, l’un de nos hôpitaux partenaires a reçu un patient dont le papa est reparti au village pour chercher de l’argent pour les soins. Malheureusement, il a été tué. La mère à son tour est allée également pour chercher de l’aide et a été tuée, laissant un enfant désormais orphelin, souffrant du cancer et sans parent proche vivant à Ouagadougou » a-t-il temoigné.

Yiboula E. Gildas Bayala, coordonnateur local du programme PIOP et point focal de l’ONG SOLETERRE en compagnie de la famille Bako

C’est dans ce sens qu’est née la ‘’Maison Yelba’’. Maison “Yelba” pour dire “bienvenue” dans la langue locale mooré. La Maison Yelba permet aux enfants et leurs accompagnants de rester à Ouagadougou pendant toute la durée du traitement avec tout le confort. Ils disposent d’un salon avec une télévision, des chambres avec des lits et des ventilateurs, d’une cuisine avec un réfrigérateur et un four. Chaque famille à un foyer à gaz et des vivres pour cuisiner le plat qu’elle veut.

Le principe de la Maison Yelba est d’accueillir et d’héberger ces enfants devant recevoir des soins médicaux dans les unités d’oncologie pédiatrique de Yalgado et de la pédiatrie Charles De Gaulle. « Ce sont les médecins traitants qui les envoient à Maison Yelba. Il y a des familles qui viennent vraiment de très loin, et quand elles arrivent à Ouagadougou, le médecin leur dit d’aller et de revenir dans 3 jours. Imaginez une famille qui vient de Gaoua. Elles sont obligés de repartir à Gaoua et revenir. Donc nous on leur permet de venir dormir ici afin de pouvoir suivre le traitement. Dans les hôpitaux nous avons un fond que nous avons surnommé le fond d’urgence. Ce fond appui les parents dans les examens, la chimiothérapie, le traitement, l’achat des médicaments, etc. » explique Yiboula E. Gildas Bayala.

quelques enfants hébergés à la Maison Yelba regardant un dessin animé dans le salon

La Maison Yelba est née du programme PIOP mise en place par l’ONG SOLETERRE en collaboration avec le GFAOP (Groupe franco-africain d’oncologie pédiatrique). Ce programme se déroule dans 6 pays. Créée en février 2021 au Burkina, la Maison Yelba a reçu au 1er trimestre 2022 39 nouveaux patients, au 2nd trimestre 42 nouveaux patients et au 3ème trimestre 32. Financée sur fond propre de l’ONG, la Maison Yelba bénéficie souvent des dons de la part des burkinabè. « Par la même occasion, nous invitons ceux qui peuvent effectuer le déplacement, à faire un tour pour un accompagnement moral, matériel ou financier car les enfants et les parents en ont besoin. Ceux qui veulent, ils peuvent venir fêter leur anniversaire avec eux. Il y a aussi les fêtes de fin d’année qui arrivent et nos portes sont ouvertes pour ceux qui veulent venir fêter avec nous » ajoute Yiboula E. Gildas Bayala.

Il regrette le fait que les enfants arrivent à un stade final du cancer. Au sein de ce cadre, les enfants mènent des activités académiques et ludiques avec une éducatrice. Cela leur permet de poursuivre leur cursus scolaire tout en se faisant soigner et de continuer ainsi à mener une vie normale. 

Yenntéma Priscille

www.bf1news.com

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page