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Aides ménagères au Burkina : combien touchent le SMIG de 30 684FCFA ?

« Au Burkina Faso il y a le code du travail qui fixe le SMIG à plus de 30 000 F CFA. Mais combien d’aides ménagères peuvent se targuer de recevoir cette somme à la fin du mois? » s’interroge Sakinatou Ouédraogo. Elle est la présidente de l’Association pour la Défense des Droits des Aides Ménagères (ADDAD).

Le SMIG n’est pas respecté pour les aides ménagères au Burkina Faso. Pour Sakinatou OUEDRAOGO, ce sont les employeurs qui sont responsables de cette violation des textes. « Ce sont les mêmes personnes qui sont censées faire respecter les textes qui payent leurs aides ménagères à 15 000 ou moins » a t-elle laissé entendre. Selon ses dires, « c’est généralement les gens qui viennent d’autres pays qui parviennent à payer normalement les aides ménagères ». En plus des très bas salaires, les aides ménagères sont exposées à des cas de maltraitance, de fausses accusations de vols, de viols… Face à cette situation, les acteurs veulent faire appliquer le décret adopté le 31 décembre 2010 fixant les conditions de travail des aides ménagères encore appelées les gens de maison. Mais plusieurs raisons entravent sa mise en application.  

Sakinatou OUEDRAOGO, présidente de l’Association pour la Défense des Droits des Aides Ménagères (ADDAD)

Le décret de 2010 présente de nombreuses limites

La mise en application de ce décret souffre d’ambiguïté pour diverses raisons. En premier lieu, l’article 3 du présent décret stipule que « l’engagement d’un employé de maison doit toujours faire l’objet d’une lettre d’engagement stipulant l’emploi, le salaire, les accessoires de salaire  convenus, la catégorie accordée et la durée du contrat de travail ». Pourtant la plupart des aides ménagères ne font pas recourent aux agences de recrutement. Les recrutements se font de façon verbale. En cas de refus de paiement de la part de l’employeur, le travailleur domestique ne dispose pas de moyen de pression sur ce dernier.  En plus de cela, la méconnaissance des textes, la difficulté d’intervention des acteurs du droit de travail due à la mauvaise organisation du secteur ainsi que le non-respect des textes dans leur secteur d’activité constituent également un frein.

A la quête de meilleures conditions de vie et de travail

Malgré tout, les membres de l’association sont plus que jamais mobilisés pour leur cause. Pour la présidente de l’association ADDAD, « les aides ménagères comme tout autre travailleurs ont aussi le droit de bien vivre ». C’est la raison pour laquelle elle a initié le jeudi 15 septembre 2022, en collaboration avec le Centre de Recherche et d’Action sur les Droits Économiques, Sociaux et Culturels (CRADESC), un comité qui aura la charge de réunir des données concrètes afin d’entamer des plaidoyers auprès du gouvernement pour faire respecter la loi. Selon la représentante du CRADESC Dr Oumy Ndiaye, « le CRADESC aura pour mission de fournir des données probantes afin d’aider à la prise de décision politique en faveur des travailleurs domestiques ». Les attentes concernent non seulement la prise en compte de l’ensemble des limites des textes mais aussi la révision de ces textes et surtout, la mise en application concrète dudit décret.

Un aperçu du public ayant pris part à l’atelier

Ce comité a été créé à l’issue de la présentation des résultats de l’étude surl a documentation des violations des droits économiques, sociaux et culturels des travailleuses domestiques effectués dans 9 pays de l’Afrique de l’ouest dont le Burkina Faso.

Selon les résultats de cette étude, « malgré l’existence d’un arsenal juridique qui règlemente le secteur du travail domestique, des limites liées au contenu des textes ont été dénombrés. Pour le Burkina Faso, le décret de 2010 implique les conditions de vie de ces travailleuses domestiques mais ignorent les autres droits liés notamment à la syndicalisation et autres ».  

Il convient de rappeler que le ministre chargé du Travail Bassolma BAZIE a reçu le 6 juillet dernier, le directeur du bureau de pays de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) Fréderic Lapeyre. Au cours de la rencontre, la question du code du travail a été abordée. A ce titre, l’OIT a manifesté son engagement à appuyer le Burkina Faso.

Sanata GANSAGNE

bf1news.com

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