« Je me rappelle qu’un jour il y a eu une explosion sur le site. C’est le dynamiteur qui était en train de faire le dynamitage et ça a explosé. Il est mort sur place » ce témoignage est celui d’un jeune étudiant qui a choisi de faire l’orpaillage pendant les vacances. Un travail aussi rentable que risqué. Allons à la rencontre de l’étudiant orpailleur.
Hadou Gnessien est un jeune étudiant en troisième année de Licence en sciences juridiques et politiques à l’université Thomas Sankara. Pendant les vacances, il rentre dans son village à Tounou situé dans la commune de Safané dans la boucle du Mouhoun. Au lieu de rester sans rien faire, il consacre son temps à la pratique de l’orpaillage artisanal. Un travail d’équipe très éprouvant « nous descendons dans un trou d’environ 170 m de profondeur à l’aide d’un treuil. Une fois à l’intérieur, on utilise un marteau piqueur pour faire le dynamitage. Après l’explosion des roches, on les range dans des sacs et on les fait sortir par le treuil » explique t-il. Les trous sont soutenus par des bois encore appelés cales des quatre côtés à équidistance de 3m maximum.
Une chaine de travail bien définie
Le travail de l’or se fait en équipe suivant une chaine bien définie. « Chez nous les trous avoisinent 180 à 190 mètres donc le travail est plus compliqué. Dans un seul trou on peut avoir 70 personnes subdivisées en sous-groupes. Il y a des gens qui sont chargés de faire spécialement les cales. On les appels des caleurs. Il y’en a pour le dynamitage. Il y a une autre équipe hors du trou qui veille sur les machines qui font sortir l’eau des trous et il y a des gardiens qui supervisent les roches qui sortent des trous ». Pour mener à bien leur activité, plusieurs types de matériels sont utilisés, « nous utilisons des pioches, des pelles, des burlingues, des marteaux et aussi des sacs » a-t-il laissé entendre.
Un niveau de risque élevé
Les orpailleurs sont exposés à d’énormes risques. Selon Hadou Gnessien, les risques courants sont les éboulements, les explosions des dynamites et les accidents liés à la descente à la corde. Il nous explique une scène macabre à laquelle il a assisté en tant que témoin oculaire « Je me rappelle qu’un jour il y a eu une explosion sur le site. C’est le dynamiteur qui était en train de faire le dynamitage et ça a explosé. Immédiatement il est mort sur place. Il y avait d’autres personnes à côté de lui mais par coup de chance, le vent les a projetés loin. Ils ont eu la vie sauve mais il y avait des blessés graves ». Selon les explications de Hadou, lorsqu’une personne décède dans le trou, on l’attache à la corde reliée au treuil et il y a deux personnes qui se mettent au-dessus du corps pour le surveiller jusqu’à ce qu’il sorte du trou. Une fois le corps hors du trou, on fait appel à la gendarmerie pour les constats avant de procéder à l’inhumation. Il précise qu’en cas d’accidents, le blessé est automatiquement pris en charge par le patron. « J’ai été blessé à plusieurs reprises par des cailloux lors des éboulements mais à chaque fois qu’il y a des situations de mort, j’ai toujours été hors des trous » témoigne-t-il.
Un travail minutieux pour obtenir le joyau
Le travail de l’or ne se limite pas seulement à l’extraction. Une fois les roches extraites des trous, elles sont concassées par une autre équipe et ensuite broyées par des machines. La poudre obtenue est mélangée à l’eau pour obtenir une pâte. Cette pâte est étalée sur de longues planches et lavée à la main. Les résidus d’or sont recueillis dans de petit plat. Pour les séparer du sable, on ajoute du mercure. On fait passer l’or pur au feu avant de peser sur la balance.
Les orpailleurs utilisent plusieurs termes pour désigner la mesure de l’or. Selon Hadou Gnessien, l’orpaillage est rentable mais le gain est aléatoire, Il explique que le brin d’allumette coute 2000f, le demi-gramme quant à lui coute environ 25 000f, le gramme 50 000f, le petit-poid fait 100 000f et l’en gros fait 200 000f. « C’est grâce à l’orpaillage que j’ai pu payer mes frais de scolarité depuis la classe de 05e jusqu’à l’université » nous confie-t-il. En rappel, Hadou Gnessien a commencé l’orpaillage en 2010 alors qu’il était élève en classe de 05e.
Sanata GANSAGNE
bf1news.com
