Il est 08h 30 quand nous arrivons au Centre de Santé et de Promotion Sociale (CSPS) Trame d’accueil du secteur 43 de la ville de Ouagadougou. Dans la salle d’attente, une trentaine de patients attendent impatiemment d’être pris en charge. La tristesse se lit sur tous les visages. Certaines se tordent de douleurs. Les plus petits sont couchés sur les terrasses aménagées à cet effet. Le climat est pesant.
Le soleil vient à peine de monter dans le ciel et en deux heures d’activités, Dr Abdoul Fatahi Tiemtoré, infirmier diplômé d’État au CSPS Trame d’accueil du secteur 43 a déjà consulté plus de 20 patients. « de 08H à 10h, j’ai consulté 28 malades » nous lance-t-il. La saison pluvieuse constitue une période pendant laquelle le taux du paludisme connait un pic. ‘’Les maladies que nous diagnostiquons actuellement, sont les rhinopharyngites et le paludisme. Sur les 28 malades consultés, 21 ont le paludisme’’. Cette affluence vers les centres de santé en cette période s’explique par plusieurs raisons. Abdoul Fatahi Tiemtoré affirme : » c’est la saison pluvieuse et il y a beaucoup de malades. Nous appelons ces types de maladies ‘’les maladies hydriques’’. Il y a l’eau, l’herbe, les gites larvaires, les moustiques et tout le monde se fait piquer ».
Chaque jour, les agents de santé reçoivent beaucoup de malades par jour. ‘’Actuellement on prend environ cent (100) malades adultes par jour. Pour les enfants, les chiffres double totalement. On peut recevoir entre 150 et 200 par jour avec un nombre très réduit d’agents par garde’’ affirme Dr Abdoul Fatahi Tiemtoré. Face à cette situation, les agents de santé tendent un doigt accusateur sur les comportements à risques de la population. ‘’Les gens ne mettent pas les grilles au niveau des fenêtres des habitations. Beaucoup ne se couvrent pas correctement et s’exposent aux moustiques’’ a laissé entendre Dr Tiemtoré.
Les cas d’hospitalisations sont légions durant cette période. Sur les 28 malades consultés par Dr Tiemtoré ce 19 août 2022, une quinzaine ont été hospitalisés au CSPS Trame d’accueil du secteur 43. Ce dernier confirme qu’environ une trentaine de personne sont hospitalisées par jour dans ce centre de santé. Cette situation n’est pas sans raison. Pour lui, c’est dû à la négligence des parents « les gens viennent en consultation en retard. En majorité, quand les malades arrivent, ils ont déjà pratiqué l’automédication. Par exemple on peut administrer du paracétamol à un enfant pendant une semaine pour calmer la fièvre. Mais quand l’effet du médicament disparait, l’enfant devient plus malade et le paludisme quitte d’un cas simple à un cas grave. On est obligé d’hospitaliser le malade à son arrivée’’.
Nassiratou, une petite fille de 11 ans pleurait et se tordait de douleur à notre arrivée. Mais après avoir reçu les premiers soins, son mal s’est visiblement calmé. Sa mère Zalissa Soudré explique, » depuis hier elle avait mal à la tête et elle vomissait. Je lui ai donné du paracétamol plus artemether mais les vomissements et les maux de tête persistaient donc je l’ai envoyé ce matin à l’hôpital. L’infirmier m’a dit qu’elle souffre de paludisme. On l’a mis sous perfusion et actuellement ça va mieux’’. Nassiratou et sa mère vont devoir rester à l’hôpital toute la journée d’aujourd’hui.
Boukaré Ouédraogo quant à lui, est venu accompagner sa mère. ‘’Comme elle est vielle, elle a du mal à se déplacer parce qu’elle a la tension. En plus de cela, elle souffre de paludisme. C’est pour cela qu’on lui a administré un sérum. Actuellement elle est entrain de dormir et l’infirmier dit que lorsque le sérum va finir ils vont nous libérer’’ nous a-t-il confié.
Malgré les actions du gouvernement à travers les campagnes annuelles de distribution de moustiquaires imprégnées et des comprimés à titres préventifs aux enfants, le paludisme continue d’endeuiller de nombreuses familles au Burkina Faso. En 2021, plus de 4000 personnes sont décédées du paludisme sur 10 millions de cas répertoriés. Dr Tiemtoré pense que les responsabilités sont partagées. Pour lui « il faut que l’État mette en œuvre des moyens pour sensibiliser davantage la population. Pour les distributions des moustiquaires, il doit avoir un suivi après la campagne de masse pour inciter les gens à les utiliser au détriment d’autres usages ». A l’endroit de la population, il recommande de suivre les conseils des agents de santé en assainissant leur cadre de vie et en se rendant le plus vite possible dans un centre de santé le plus proche en cas de maladie.
Sanata Gassangne
Bf1news.com