Des jeunes filles vêtues de blanc ou de bleu, pancartes à la main, régulent la circulation à certains feux tricolores de la ville de Ouagadougou au Burkina Faso. A l’aide d’un sifflet, elles réussissent à arrêter les usagers qui tentent de bruler le feu. Un acte qui permet de sauver des vies. Ces jeunes filles n’ont aucune source de revenu. A travers ces gestes de volontariat, elles récoltent auprès des usagers, quelques pièces qui constituent leurs salaires. Mais leur geste est mal perçu et critiquer différemment au sein de l’opinion publique.
Certains usagers des rues de la capitale burkinabè ont marre de voir des jeunes filles leur demander de l’argent en circulation. Pour eux, l’action de réguler la circulation n’est qu’un prétexte pour mendier. Ils n’hésitent donc pas à exprimer leur mécontentement en les voyant s’approcher. C’est ce qui ressort de nos échanges avec Vincent Balima, vice-président de l’Association Faso One Village (AFOV).
« Les filles subissent le rejet et même des injures de la part des usagers. Certains leur disent de quitter la route. On les traite même de mendiantes. Ces filles sont venus nous voir avec leurs parents pour demander à intégrer l’association. Elles ne vont pas à l’école pour cause de manque de moyens » a-t-il affirmé.
L’argent que les filles récoltent auprès des passants leur permet de manger à midi à hauteur de 300 FCFA chacune. A leur descente, le reste de l’argent est comptabilisé et réparti entre elles à hauteur de 1000F par personne. Ce geste de bénévolat mérite d’être salué selon le vice-président.
L’autre aspect qui fâche les Ouagavillois, c’est le fait que ces filles soient arrêtées à des feux bien fonctionnels. Cependant, sur le terrain il est difficile de trouver des usagers qui assument leur mécontentement. Les plaignants pensent que, les filles doivent s’arrêter uniquement aux endroits où le feu n’est pas fonctionnel.
Des avis que les responsables de l’AFOV ainsi que certains usagers ne partagent pas. « Vous connaissez les burkinabè. Souvent, il y a le feu, les policiers, les VADS, mais les gens trouvent le moyen de brûler le feu. Si on s’en tient à cela, leur présence au feu est justifiée » a laissé entendre un passant.
Pour l’association, les difficultés dans la circulation s’observent plus aux endroits à fortes densités. « Il y a des endroits, si tu fermes tes yeux, tu peux passer, mais, là où les gens sont nombreux, même s’il y a le feu, c’est compliqué » a-t-il souligné. Il poursuit en ajoutant que « Si vous vous arrêtez, tout à l’heure, vous verrez des gens qui vont brûler, le feu. C’est là où il y a le feu que les gens font plus de bêtises. Mais avec la présence des filles, si quelqu’un tente d’accélérer malgré que le feu soit rouge, elles le sifflent, et le contraignent à s’arrêter ». Le vice-président de l’Association One Village s’indigne du fait que personne ne les approche pour comprendre leur fonctionnement.
A la suite de leurs responsables, les filles affirment rencontrer des sentiments d’hostilités dans le travail. Tout de même, des passants comme Rolant Ki soutient l’initiative. Pour lui, « c’est une action citoyenne et salutaire qui mérite d’être encouragée ». Selon lui, au lieu d’attendre d’attendre les actions de l’Etat, il nous faut nous interroger sur ce que nous pouvons faire pour le pays.
Il pense par ailleurs que l’action de cette association permet de combler un vide. « Nous n’avons pas un État-providence. Nous avons un État qui a besoin du concours de ces citoyens dans tous les domaines de la société. Chaque burkinabè devrait s’inscrire dans la même dynamique de volontariat » a-t-il ajouté.
Pour ce qui concerne le coté pécunier, Roland Ki estime que ceux qui ne disposent pas de temps pour faire du volontariat devraient mettre les moyens financiers à la disposition de ces associations.
Il apprécie les contributions qu’apportent déjà les usagers aux jeunes filles.
« C’est une bonne chose, mais ce sont des aides informelles qui seront mal gérées. On connait souvent l’attitude de certains responsables. Ils s’accaparent les fonds et les emplois à des fins personnelles. Il appartient donc à l’État de répertorier ces associations d’utilités publiques et disponibiliser des ressources pour les accompagner à l’image des VDP. Le défis du moment exige cela » a-t-il conclu.
Ignace Sawadogo pour sa part, apporte régulièrement son aide aux filles. « Chaque jour, si j’ai quelque chose, je leur donne 300 ou 400F » foi de ce dernier. Malgré cela, il est souvent difficile pour les filles d’avoir leur pitance quotidienne.
AFOV dit avoir d’autres projets pour ces filles sans emplois, mais il ne dispose pas d’aides conséquentes. Elle invite les burkinabè à faire preuve de compréhension envers ces filles et à les accompagner dans ce sens.
Karim BANDA
bf1news.com