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L’univers des aphrodisiaques : Un monde où le plaisir sexuel prime sur la santé

De nombreux produits dits aphrodisiaques connaissent un grand engouement auprès de la jeunesse burkinabè. Plusieurs années auparavant, on entendait rarement parler de cela en milieu jeune. Certes, certains de ces produits existent depuis la nuit des temps, mais étaient issus de décoctions de substances végétales. Les aphrodisiaques étaient utilisés par les personnes d’un certain âge pour se « dépanner » (c’est-à-dire rester actif sexuellement) ou lors des nuits de noces par les jeunes filles (mariage traditionnel) dans certaines localités. Mais de nos jours on en trouve partout, de format amélioré, accessible à tous et à des fins multiples.

Aujourd’hui, les aphrodisiaques sont vendus comme des bonbons. Selon les recherches que nous avons pu mener, un aphrodisiaque stimule le désir sexuel et augmente les performances sexuelles. C’est une substance, naturelle ou artificielle d’origine végétale ou animale. Ils agissent aussi bien sur les hommes que sur les femmes et peuvent faciliter ou augmenter l’érection et aider à avoir un orgasme plus intense. Il existe plusieurs catégories d’aphrodisiaques selon le mode d’administration. On peut avoir des aphrodisiaques à usage interne (administration orale) et externe. Ces produits sont vendus même par des étudiants. Autrefois utilisés par les personnes âgées, les jeunes connaissent aujourd’hui un grand engouement pour les aphrodisiaques. Pour F. Ouédraogo, étudiant  à l’Université Joseph Ki ZERBO, deux raisons expliquent ce phénomène. « Les filles aiment le sexe de nature. Aussi, elles jouissent difficilement donc il faut des produits pour faire durer les rapports  afin de les faire jouir » a-t-il indiqué.

Salif Z., également étudiant, abonde dans le même sens en indiquant que la recherche du plaisir est la principale raison. Il s’exprime en ces termes :

« De nos jours, les jeunes ont mis le sexe au centre de leur vie. Les relations entre jeunes hommes et jeunes filles sont souvent accompagnées par le sexe. Donc, il peut arriver des moments de manque d’efficacité, qui fait que l’autre va souvent faire recours à des produits pour essayer de répondre aux attentes de son partenaire. En outre, les jeunes hommes utilisent les aphrodisiaques car ils veulent bien faire et garder leur honneur et leur dignité auprès des filles. Ils ne veulent pas prendre la défaite ou avoir honte devant les filles en matière de sexualité. Cette génération découvre le sexe un peu vite. A partir de 15 ans ou même moins, les jeunes commencent déjà à faire des rapports sexuels, et souvent sont dans plusieurs relations. Ces derniers, au regard de toutes ces expériences acquises, et une fois dans une relation où ils ne reçoivent pas la même dose, ils ne seront donc pas satisfaits. L’insatisfaction est donc une autre raison qui explique l’engouement des jeunes pour ces produits. Il y a également des cas ou l’un des partenaires ne s’excite pas vite. »

« Nos produits nous viennent principalement du Mali, du Sénégal et de la Côte d’Ivoire »

 « Maman des jumeaux » (nom d’emprunt) est une vendeuse de produits aphrodisiaques et de secrets de femme à Karpala. Elle nous confie que parmi ses clients il y a des étudiants, surtout des jeunes filles. « Elles utilisent ces produits plus que les femmes au foyer » explique-t-elle. Pour en savoir plus, nous sommes allés à la rencontre de Aicha (nom d’emprunt), étudiante en fin de cycle et vendeuse de divers produits aphrodisiaques, secrets de femmes. Selon elle un aphrodisiaque est une substance qui stimule l’appétit sexuel. « Comme produits aphrodisiaques, nous avons le chocolat de menthe, les bonbons de canne, le Nescafé Great Pénis, les comprimés Pasparats, le Vétiver,  le Djeka, et bien d’autres. Chaque produit a son utilisation. Il y’a des buvables (ce que je conseille le plus), les prises par voie orale (comprimés), les pommade. Nos produits nous viennent principalement du Mali, du Sénégal et de la Côte d’Ivoire. Nous vendons ces produits pour le plaisir de contribuer au plaisir/ épanouissement des autres», renchérit Aicha. Elle enregistre en moyenne 3 clients par jour et les prix varient de 500 à 3000f.

Les conséquences de ces produits

Les conséquences dépendent du principe actif des produits, de la fréquence d’utilisation, ainsi que de la dose administrée. C’est-à-dire que, le plus souvent les effets secondaires ne sont pas très majeurs.  Mais en cas de surdosage ou d’utilisation répétitive ou de pathologie sous-jacente, les individus peuvent développer des complications très graves pouvant aller jusqu’à la mort subite au cours des rapports.  Par exemple le sildénafil appelé vulgairement le viagra, contenu dans la plupart des aphrodisiaques, est une substance utilisée en pharmacie pour traiter les troubles d’érection. Il favorise une érection plus longue, en accentuant l’afflux sanguin vers le pénis. C’est l’un des principaux aphrodisiaques chez l’homme et comme conséquence, on a l’hypotension qui peut survenir lors des rapports sexuels. En effet, les rapports sexuels se trouvent être un exercice qui tend à augmenter l’effort physique. Par contre le sildénafil est un médicament qui induit une diminution de la pression artérielle par vasodilatation. Du coup l’organisme se retrouve dans un conflit souvent difficile à partager et la conséquence sera une tendance à l’augmentation de la fréquence cardiaque pour compenser la diminution de la pression artérielle périphérique liée au produit.

Aussi, la toxicité des aphrodisiaques peut entrainer des hépatites, des insuffisances rénales. En outre, la consommation des aphrodisiaques peut entrainer chez l’homme le priapisme qui est une érection pathologique. Il se manifeste par une érection anormalement prolongée même après l’éjaculation qui peut entrainer une infertilité si ce n’est pas pris en charge tôt.

Enfin, le Docteur Eliane KABORE/KANYALA s’exprimant sur les conséquences de l’utilisation des secrets de femmes pour augmenter leur vie sexuelle, disait ceci : « Ne mettez pas dans votre vagin, ce que vous n’êtes pas prêt à mettre dans votre bouche ». Selon elle, les produits ne sont pas faits pour être mis dans le sexe féminin. Le premier risque est l’infection. En plus, les produits sont manipulés dans les conditions où l’hygiène n’est pas garantie. Aussi, ces substances peuvent déséquilibrer la flore vaginale. Ces produits peuvent  entrainer, en plus du risque d’infection, le risque de toxicité ou de graves irritations. Certains produits entrainent des sécheresses vaginales qui donnent  pendant le rapport sexuel une sensation d’étroitesse du vagin. Ce sont des effets qui peuvent avoir des conséquences à long terme. Le fait d’agresser la muqueuse vaginale la fragilise et expose à long terme au cancer du col de l’utérus ou même du vagin. Aussi ces produits peuvent provoquer des ulcérations au niveau du vagin et une synéchie vaginale qui nécessite une opération chirurgicale pour la guérison.

Yenntéma Priscille

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