Le Centre de Recherche et d’Intervention en Genre et en Développement (CRIGED) a tenu le 17 février 2023 à Ouagadougou, une rencontre nationale de plaidoyer auprès des leaders d’opinion pour la révision de la nouvelle loi sur le quota genre au Burkina Faso. Entrant dans le cadre du projet synergie d’action des femmes et des filles leaders pour la promotion et la défense des droits des femmes, cet atelier de plaidoyer marque la troisième étape des activités de plaidoyer du CRIGED en vue de la révision de la nouvelle loi 03 portant sur le quota genre de 2020.
Le CRIGED milite pour la relecture de la loi portant quota genre au Burkina Faso à travers son projet synergie d’action des femmes et filles leaders pour la promotion des droits des femmes. La raison selon le CRIGED réside dans le fait que malgré l’adoption de la loi 10 en 2009 portant quota genre puis sa révision en 2020, le nombre de femmes dans les instances de décisions politiques et administratives a fortement baissé.
Guétaouindé Livingstone Saba_Chargé de Mission auprès du Ministère du Genre, Représentant la Ministre
Les partis politiques malgré l’existense de la loi refusent de respecter le quota de 30% pour les femmes et les hommes. De plus dans les instances de décisions administratives, les femmes sont peu ou pas du tout représentées selon Nestorine Sangaré, Directrice Exécutive du CRIGED. Pourquoi, c’est le cas, Nestorine Sangaré explique : « nous avons l’impression que les partis politiques n’ont pas encore compris la nécessité de la participation politique des femmes. La loi est intitulée quota genre, le quota genre vise l’amélioration de la représentation des hommes et des femmes. A l’issue des élections passées, on a constaté une baisse drastique du nombre de femmes dans les postes de décisions au niveau de l’assemblée nationale principalement. Le premier problème, c’est le refus des partis politiques d’appliquer la loi. Le deuxième problème, c’est qu’il y a un grand nombre de partis politiques et ce que nous appliquons comme type d’élection joue. Sur les 45 provinces, il y a 37 provinces où c’est seulement deux postes à pourvoir pour les élections législatives. Quand c’est un quota de 30% et qu’il y a seulement deux postes à pourvoir, c’est difficile. En dehors des circonscriptions électorales, le nombre de partis politiques ne permet pas que les femmes accèdent aux postes de décisions parce qu’avec « la proportionnelle à plus fort reste » que nous appliquons, les petits partis arrivent à engranger des voix mais ce sont des voix perdues parce ces voix ne permettent pas d’élire quelqu’un à l’assemblée nationale. Le fait qu’il y ait un nombre pléthorique de partis politiques ne favorise pas l’accès des femmes aux postes de décisions »
« Nous voulons que non seulement, on prône les compétences au niveau des femmes mais qu’on prône aussi les compétences au niveau des hommes parce qu’avec la loi sur le quota, il n’est plus question d’aligner des hommes pour des hommes mais d’aligner hommes compétents et d’aligner des femmes compétentes » Nestorine Sangaré_Directrice Exécutive du CRIGED
Au vu de cette baisse de représentation des femmes dans les instances politiques telles que l’assemblée nationale, les mairies, le CRIGED à travers le projet « synergie d’action des femmes et des filles leaders pour la promotion et la défense des droits des femmes » mène une série de plaidoyers en vu de la relecture de la nouvelle loi 03/2020 portant quota genre au Burkina Faso.
Dans ce cadre, la rencontre nationale de plaidoyer auprès des leaders d’opinions pour la révision de la nouvelle loi sur le quota genre au Burkina Faso, troisième étape des activités du CRIGED a été initié avec pour objectif, recueillir des propositions pour plus de présence des femmes dans les instances de décisions au Burkina Faso, et inciter à une relecture de la nouvelle loi 03/2020 portant quota genre au Burkina Faso qui selon Nestorine Sangaré, Directrice Exécutive du CRIGED présente des insuffisances en certains points d’où la difficulté de sa mise en application par les partis politiques et les institutions étatiques.
A la question de savoir pourquoi cette activité se tient en ce moment précis, selon la Directrice Exécutive du CRIGED, Nestorine Sangaré répond en disant que : « nous sommes dans une période d’opportunités. Nous sommes dans une période de transition qui prépare le retour à une vie constitutionnel de notre à la suite de cette phase transitoire. Le pays est ouvert à des réformes, des réformes de fond pour prendre en compte les droits et les aspirations des différentes composantes de notre nation. ».
A écouter Nestorine Sangaré, cette rencontre avec les leaders d’opinion est le lieu non seulement de mettre le doigt sur les limites de la nouvelle loi 03 2020, de faire des propositions pour sa relecture mais également s’appeler les femmes à se lancer dans la politique, à faire entendre leurs voix.
«Ce n’est pas le sexe qui travaille, c’est l’intelligence qui travaille, ce sont les aptitudes intellectuelles qui permettent d’avoir les compétences pour travailler. Nous voulons que non seulement, on prône les compétences au niveau des femmes mais qu’on prône aussi les compétences au niveau des hommes parce qu’avec la loi sur le quota, il n’est plus question d’aligner des hommes pour des hommes mais d’aligner hommes compétents et d’aligner des femmes compétentes. Comme ça, ça va améliorer la gouvernance des hommes et permettre que le filles de ce pays qui sont compétentes soient mises à contribution pour la bonne gouvernance que nous sommes en train de rechercher» a-t-elle martelé.
De son coté présent à cet atelier, Guétaouindé Livingstone Saba a fait savoir que le ministère du genre ne ménagera aucun effort pour accompagner le CRIGED. Il dit que le département œuvrera à une relecture de la loi.
Saydou Ganamé