La ré-inhumation des restes de Thomas Sankara et de ses douze compagnons aura lieu le 23 Février 2023 sur le site du Mémorial Thomas Sankara. C’est ce qu’à fait savoir le gouvernement dans un communiqué lu à la télévision nationale par le porte du gouvernement. Cette décision du gouvernement ne rencontre pas l’assentiment de tous notamment la famille Sankara.
Revenant sur cette décision qu’il juge unilatérale, le Pr Albert Ouédraogo, Pr en Littérature Orale Africaine à l’Université Joseph Ki-Zerbo estime qu’en prenant cette décision, « le gouvernement manque de sagesse». Selon lui, il faut qu’il y ait consensus, sans consensus, la transition ne devrait pas se mêler de ce dossier.
Les restes de Thomas Sankara et de ses douze compagnons doivent être mis sous terre sur le site du Mémorial Thomas Sankara ou pas? A cette question, le gouvernement Burkinabè répond par l’affirmatif. La ré-inhumation se fera sur ledit site, le 23 Février à partir de 9h00. Ce à quoi la famille Sankara s’oppose. Elle a fait savoir son désengagement dans une déclaration rendu publique le 21 février dernier.
Face à cette situation qui cristallise l’attention des Burkinabè et qui défraie la chronique, le Pr Albert Ouédraogo, a donné son analyse dans une interview accordée à nos confrères de LeFaso.net . Pour le professeur, cette situation n’a pas lieu d’être. C’est une faute compte tenu des rites funéraires dans la tradition. Le deuil est une affaire de famille avant d’être une affaire d’état et pour lui, le gouvernement devrait s’aligner sur la décision de la famille car les funérailles chez le peuple mossi sont des moments de renaissance d’une âme qui doit rejoindre les ancêtres. Ce n’est pas un moment de guerre, ce n’est pas un moment pour s’entredéchirer.
Pr Albert Ouédraogo va plus loin en disant que « les funérailles sont le moment pour raccorder les violons entre les vivants et les morts. Les funérailles sont le moment de permettre aux âmes des morts de rejoindre le panthéon».
Sans funérailles dit-il les âmes des morts sont en errance et le pays n’aura pas de paix. Il ajoute, pour permettre à ces âmes de reposer en paix, la case funérailles est obligatoire, or « les funérailles sont un moment de grande ferveur, de grande entente et pas un moment de déchirure ». Ce qui n’est pas le cas dans cette affaire de ré-inhumation des restes de Thomas Sankara et de ses douze compagnons.
A force de tenir mordicus à inhumer les restes de Thomas Sankara et de ses douze compagnons sur le site du Mémorial Thomas Sankara, le gouvernement Burkinabè selon Pr Albert Ouédraogo estime que : « les autorités Burkinabè manquent de sagesse (…) Étant donné qu’on n’a pas l’assentiment de la famille, c’est que de la politique et du spectacle».
Par ailleurs, le Pr Albert Ouédraogo a fait ressortir que la ré-inhumation des restes de Thomas Sankara et de ses douze compagnons est plus sujet à du business. Il s’explique en disant que des personnes ont investi dans l’édification du mémorial depuis le départ. Elles veulent la rendre rentable et avoir un retour sur investissement. Quoi de plus lucratif que le tombeau du père de la révolution sur les lieux.
Faire du business à travers la mémoire de Thomas Sankara qui n’a jamais voulu qu’on fasse du bling-bling autour de sa personne serait :« une sorte de trahison de son idéal » a déclaré le Pr Albert Ouédraogo avant de poursuivre qu’en lieu et place du gouvernement de la transition, il allait laisser le soin à un régime démocratiquement élu de se charger de la ré-inhumation des restes de Sankara et de ses douze compagnons.
«S’il y avait consensus, elle ( la transition, ndlr) aurait pu s’en charger mais dès le moment où il n’y a pas de consensus, la transition n’a pas à se mêler de ce dossier. On a d’autres choses plus urgentes » a martelé Albert Ouédraogo.
Pour terminer, le Pr Albert Ouédraogo a appelé le gouvernement de la transition à faire preuve de tact dans la gestion de ce dossier. Un dossier comme celui-là ne peut être expédié sans un consensus.
Il dit soutenir la démarche de la famille Sankara. Selon lui après lecture des articles publiés sur la question, il estime qu’il y a anguille sous roche dans cette situation et que certaines personnes essaient de bâillonner la famille Sankara pour une raison qui n’est pas claire du tout. La transition doit travailler à ce qu’on arrive à un consensus pour qu’on fasse face au terrorisme. Ce n’est pas le moment de nous diviser a-t-il fait comprendre.
Saydou Ganamé