Le lait importé vendu moins cher dans notre contrée n’est pas du lait. En effet, le lait de vache est un aliment complet riche en matière grasse. Cette matière grasse est très prisée et rapporte beaucoup. Elle coûte très chère sur le marché. Pour cela, de nombreuses industries extraient les matières grasses et les vendent séparément pour maximiser leur profits.
Ce sont les résidus issus de l’extraction de ces matières grasses qui sont enrichis avec des huiles végétales bons marchés et revendus au Burkina comme poudre de lait. L’huile de palme est largement utilisée, mais d’autres huiles comme l’huile de coco sont aussi utilisées. Le tout est mélangé avec d’autres composantes chimiques et déshydratés. Conséquence, nous consommons une poudre enrichie dépourvue des vitamines et nutriments initiaux du lait de vache. Cette poudre est également conditionnée sous forme de lait concentré sucré, de yaourt, de lait frais, etc.
Ils sont vendus moins cher. Avec 100f le burkinabè peut se procurer un sachet de 150g de lait en poudre et avec 1100f une boite de lait concentré sucré de 1Kg. Les prix sont attractifs et accessibles à tous, mais ces laits réengraissés aux huiles végétales ne font pas du bien à l’organisme. Selon le nutritionniste Issaka SANTI, ces laits ne contiennent plus les éléments du lait entier et cela constitue un manque à gagner pour l’organisme.
Dans les supermarchés, les alimentations, les marchés et même les boutiques de quartiers, ces laits importés sont très présents au Burkina Faso. Il y a environ trente-cinq (35) marques de laits concentrés et près de trente (30) marques de poudres de lait au Burkina.
Cependant, au Burkina Faso il y a des producteurs de lait. La ferme et la laiterie de l’Espoir, produisent et transforment le lait de vache local. « Notre ferme produit plus de cent litres de lait par jour et notre laiterie transforme une trentaine de litres en moyenne par jour. Le lait que nous transformons provient de notre ferme » explique Michael OUEDRAOGO propriétaire de la ferme de l’Espoir et responsable de la laiterie de ‘’l’Espoir de lait’’. Il affirme que sa laiterie n’utilise pas le lait en poudre importé car, « le lait en poudre que nous trouvons sur le marché n’est pas naturel et nous voulons offrir à notre clientèle un produit aussi naturel que possible ».
Habata Cissé évolue aussi dans ce domaine. Elle transforme le lait local en yaourt, gapal, en lait frais pasteurisé, le degué, etc. Elle est la présidente de la laiterie KOSSAM LOBAM. Cette laiterie transforme 15 à 100 litres de lait par jour. Habata Cissé a également une ferme où elle produit le lait de vache. C’est de cette ferme qu’elle obtient la matière première pour sa laiterie. <<Le lait local est naturel, nutritif, authentique et de bonne qualité. Il est meilleur pour la santé et la croissance de nos enfants. Les acteurs de la filière lait local mènent une lutte pour stopper les importations massives du lait en poudre en plaidant pour l’augmentation des taxes douanières du lait en poudre>> affirme Habata Cissé. Elle note également que cette filière fait face au manque de débouchés sûrs, au manque de lieux de pâturage et au manque d’organisation au niveau de la collecte.
Alimata Sané/Ouédraogo abonde dans le même sens. Elle est aussi transformatrice du lait local il y a plus de 25 ans. << Je produit le yaourt, le lait pasteurisé, le gapal, le deguè, le fromage, etc. à base du lait local. Ma matière première vient des fermes installées aux alentours de la ville de Ouagadougou>> s’est-elle exprimé. Sa laiterie transforme 60 littres de lait par jour.
Dans ces différentes laiteries, le sachet de yaourt de 500 ml coûte environ 700f et le bidon de 0,33 ml à 400f. Le 500 ml de lait frais en sachet coûte 400f et le bidon 600f. Les produits transformés sont analysés avant de les mettre sur le marché. A en croire les producteurs et transformateurs, le lait local est 100% du lait de vache. Il ne contient ni additif, ni arôme, ni conservateur. Relativement plus cher, le lait local garde cependant tous les nutriments du lait de vache. Cette cherté s’explique. Les producteurs locaux reçoivent peu de soutien de la part du gouvernement. Aussi, le niveau du Tarif Extérieur Commun (TEC) de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est établi à 5 % seulement pour la poudre de lait et les poudres lactées MGV ( matières grasses végétales).
Selon le rapport du CIRAD (Centre de Coopération International en Recherche Agronomique pour le Développement), les exportations de l’Union Européenne en mélanges MGV à destination de l’Afrique de l’Ouest sont passées, de 81 000 tonnes en moyenne annuelle sur la période 2000 à 2009, à 173 000 tonnes entre 2010 et 2015 pour atteindre 324 000 tonnes en 2019.
Les importations augmentent car la production laitière locale est déficitaire. Le potentiel laitier est sous-exploité avec une production atomisée. Consommer le lait local revient à soutenir les producteurs locaux, à bénéficier des vrais nutriments du lait et à préserver sa santé. Pour 100 ml de lait local, on peut retrouver 33 cal d’énergie, 0,5g de matières grasses, 0,1g d’acides gras saturés et 4,8g de glucides.
Yenntéma Priscille
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