Il se fait appeler le Karsamba, le Kirikou d’Afrique, Weedo, le king zodanga, le papa des orphelins ou encore le »Nomm » ou chef des ambiances. On dit de lui aussi qu’il est la plus grande pop star du Burkina Faso avec plus de 10 ans de succès dans sa carrière musicale. Floby, à l’état civil Florent BELEMGNEGRE puisque c’est de lui qu’il s’agit, est chanteur et compositeur originaire de Kouritenga. Mais ce que vous ignorez, c’est que le papa des orphelins à lui-même vécu une vie d’orphelin à un moment de sa vie.
La traversée du désert de Floby
Née en Côte d’Ivoire, Floby va quitter très tôt ses parents pour rejoindre sa grand-mère au Burkina à l’âge de 05ans. Mais cette aventure au village va faire naître une star qui ignore jusque-là lui-même le défis qui l’attend. Déjà griotte de profession, yaaba (grand-mère en Moore) va très vite réveiller en son petit-fils la fibre musicale qui sommeillait en lui. Avec cette révélation, le petit Florent sera tout de suite confronté à un refus catégorique de sa famille de poursuivre son rêve. Ces derniers voulaient qu’il fasse du commerce mais notre artiste en herbe était déterminé à devenir musicien. Il sera éjecté hors du cercle familial pour se retrouver dans la rue. Cependant, il ne se laisse pas décourager pour autant. Entre galère et vie de la rue et sans études, notre loup solitaire va remporter un concours de musique en 2003 qui va l’aider à décoller sa carrière. Cela ne le projette pas pour autant sous le feu des projecteurs.
La consécration
Mais après plusieurs années passées à se chercher comme on le dit couramment, weedo va enfin trouver sa voie dans la sphère musicale burkinabè en 2006 avec son premier album ‘’Maam Sooré’’ qui signifie ‘’ma voie’’. Savant dosage d’afro soul, de RNB et de sonorités africaines, Maam Sooré est un mélange de tradition et de modernité. Produit par Ismaël Zongo alias le commandant Papus, c’est cet album qui a révélé Floby au public. Après Maam Sooré, l’artiste va poursuivre son bonhomme de chemin avec plein d’interrogations sur son futur. C’est avec autant de questionnement en tête qu’en 2009, Floby fait découvrir au public burkinabè son deuxième album intitulé ‘’Wuilgi Maam’’. Composé de 14 titres, l’album aborde notamment les thématiques liés à l’amour, les difficultés existentielles, l’espoir mais aussi la mort.
Une sorte de réflexion à la quête du savoir sur le monde. Mais entre 2009 et 2012, trois années sont passées sans que le Karsamba ne trouve de réponse sur son avenir. L’enfant de Kouritenga s’en remet finalement à Dieu avec son troisième album ‘’wend mi’’ qui se traduit par Dieu seul sait. Wend mi est une suite logique de ses albums précèdent et évoque son enfance et ses relations avec ses fans. En 2015, l’artiste décide de manifester sa gratitude envers son créateur a travers l’album ‘’ M’pengda wendé’’. Cette reconnaissance divine va ouvrir la porte au succès et placer l’artiste sur la voie de la consécration. En 2019, ça y est, c’est l’apothéose. Le kirikou d’Afrique est au summum de sa carrière avec ‘’Wakato’’ comme pour dire que son heure à sonner. Le dernier album de Floby date de 2021 avec pour titre ‘’wend’so’’ qui veut dire ‘’tout appartient à Dieu’’. Floby a à son actif 06 albums aussi mélodieux que variés les uns les autres.
Harmonie entre tradition et modernité
Il faut noter que le King Zodanga sait très bien allier musique traditionnelle et moderne pour former un parfait cocktail de mélodie dansante. Un chapelet musical à son actif où claviers et guitare s’associent avec kora, djembé et autres instruments traditionnels pour créer un safari musical pour le bonheur des mélomanes et des fans. Ce talent inné burkinabè a été influencé par des monuments de la musique comme Lokua Kanza, Francis Cabrel et Georges Ouédraogo.
Une carrière bien remplie…toujours rêveurs
En termes de réalisation, on peut dire que le Karsamba, vient de loin. Mais aujourd’hui, il représente une fierté nationale. Avec sa majestueuse voix, Floby a remporté à deux reprises le Kundé d’or respectivement en 2010 et 2019. Il a initié aussi le festival baba village qui réunis au moins 30 artistes par édition. Présentement, il est marié et père de 03 enfants. En plus de son micro, le baaba fait désormais partie du lot des têtes couronnées sous le nom de Nomm Naaba d’Andamtenga qui veut dire le chef des ambiances. Mais ce n’est pas encore la fin. Même si on peut dire de lui qu’il a une carrière bien remplie, il a toujours des rêves. Le Kirikou d’Afrique a un rêve encore plus grand : créer une identité musicale burkinabè à l’image du zouglou de la Cote d’ivoire, le Mbalax du Sénégal.
Sanata GANSAGNE, stagiaire